Du côté d’Asfeld, l’équation était simple : Marc Thiébeaux, producteur de céréales sur une soixantaine d’hectares, souhaitait partir à la retraite et, ses baux arrivant à terme, les bailleurs envisageaient de vendre leurs terres. Pourtant, Marc Thiébeaux souhaitait que son fils, Pierre-Antoine, salarié dans une entreprise, prenne sa suite sur l’exploitation. Il décide d’en parler à Emilie Jarot, conseillère foncier de la Safer, qui réalise un état des lieux, et reçoit mandat des bailleurs pour trouver un ou des acquéreurs. « Mon fils était intéressé, précise Marc Thiébeaux, mais ne pouvait pas financer seul cette acquisition. »

«Nous avons donc puisé dans "la boîte à outils" de la Safer pour monter le dossier » explique Emilie Jarot. 
Avec l’aide du Crédit Agricole Nord-Est, Pierre-Antoine achète les actifs de l’exploitation et environ 8 ha de terres. Dans le cadre d’une convention avec le Crédit Agricole dont l’objectif est de permettre à de jeunes agriculteurs de s’installer, la Safer acquiert 13 ha via un prêt "in fine" d’une durée de 10 ans au terme de laquelle Pierre-Antoine lui rachètera ces terres. Puis la Safer sollicite le GFA Mutuel d’Asfeld pour acheter également 12 ha, et utilise enfin sa base de données afin de trouver des investisseurs privés pour le reste du foncier. 

« Nous sommes ravis à 100 % »

« La convention signée avec la Safer est un dispositif complémentaire mis au service des jeunes agriculteurs pour contribuer au bouclage financier de leur installation » indique David Larue, responsable des expertises agricoles pour les Ardennes au CA Nord-Est.
Apportant selon sa vocation une réponse collective à une situation individuelle, et mutualisant les forces pour acheter du foncier destiné à installer un jeune agriculteur ou conserver une exploitation agricole, le GFA Mutuel d’Asfeld a répondu à l’appel d’Emilie Jarot. « Pour un jeune agriculteur, lever des capitaux constitue le nerf de la guerre, dit Benoît Gatinois, président du GFAM. Je tiens à souligner le travail de Catherine Vadez, de la FDSEA des Ardennes, qui a mis les bouchées doubles sur ce dossier, avec succès pour trouver des porteurs de parts. »
Aujourd’hui, si Pierre-Antoine Thiébeaux est ce que l’on appelle un "double-actif", puisqu’il est encore partiellement salarié en entreprise, il a pu reprendre l’exploitation familiale, à sa grande satisfaction et à celle de son père. Ce dernier ne tarit d’ailleurs pas d’éloges sur le rôle de la Safer et d’Emilie Jarot : « Que Pierre-Antoine puisse me succéder nous tenait à cœur à tous les deux. Mais il n’avait pas les moyens financiers suffisants. Aujourd’hui, il dispose de beaux fermages. C’est une belle installation, une belle vitrine pour l’ensemble des acteurs. Nous sommes ravis à 100 % ! »